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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/349

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ciers du monarque servirent respectueusement le vainqueur ; mais au milieu de ce festin, où les spectateurs équitables célébraient la fortune et le mérite de Bélisaire, ses envieux flatteurs empoisonnaient secrètement tout ce qui dans ses paroles et dans ses actions pouvait éveiller les soupçons d’un empereur méfiant. Ces spectacles fastueux, qu’on ne doit pas mépriser comme inutiles lorsqu’ils attirent le respect du peuple, employèrent une journée ; mais l’esprit actif de Bélisaire, qui au milieu de l’orgueil du triomphe savait prévoir la possibilité d’une défaite, ne voulait pas que l’empire romain en Afrique dépendît de la fortune des armes ou de la faveur populaire. Les fortifications de Carthage avaient été seules épargnées par les rois des Vandales ; mais durant les quatre-vingt-quinze années de leur domination, leur indolence et leur imprévoyance les avaient laissé tomber en ruines. Un conquérant plus sage répara, avec une incroyable activité, les murs et les fossés de cette ville. Sa libéralité encouragea les ouvriers ; soldats, matelots et citoyens se livrèrent à l’envi à ces utiles travaux ; et Gelimer, qui avait craint d’exposer sa personne dans une ville ouverte, y vit avec étonnement et avec désespoir s’élever une forteresse imprenable.

Défaite totale de Gelimer et des Vandales. A. D. 533. Nov.

Ce monarque infortuné, après la perte de sa capitale, s’attachait à rassembler les débris d’une ar-

    analogie facile à concevoir, le même nom, soit à Rome, à Constantinople ou à Carthage, fut appliqué à la salle du banquet royal. (Procope, Vandal., l. I, c. 21 ; Ducange, Gloss. græc., p. 277. Δελφικον, ad Alexiad., p. 412).