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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/352

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mière ligne que Bélisaire, placé au centre, soutenait à la tête de cinq cents de ses gardes : l’infanterie, postée à quelque distance, composait la seconde ligne ; et l’habile lieutenant de Justinien surveillait le poste séparé et la fidélité suspecte des Massagètes, qui réservaient en secret leurs secours aux vainqueurs. Procope a rapporté, et le lecteur suppléera aisément les harangues des deux généraux[1], qui par les argumens les plus analogues à leur situation cherchèrent à pénétrer leurs soldats de l’importance de la victoire et du mépris de la vie. Zano et les vainqueurs de la Sardaigne occupaient le centre de la ligne ; et si la multitude des Vandales avait montré la même intrépidité, le trône de Genseric serait demeuré solidement affermi. Après avoir lancé leurs javelines et leurs armes de trait, ils tirèrent l’épée, et attendirent les Romains : la cavalerie de ceux-ci passa trois fois le ruisseau et fut repoussée trois fois. Le combat parut indécis jusqu’à l’instant où Zano reçut un coup mortel, et où la bannière de Bélisaire fut déployée. Gelimer regagna son camp, les Huns se joignirent aux Romains dans la poursuite des vaincus, et les vainqueurs dépouillèrent les morts. On ne trouva sur le champ de bataille que cinquante soldats de Bélisaire et huit cents Vandales ; et ce fut ce combat, si peu sanglant, qui fit disparaître une nation et transféra à d’autres souverains l’empire de

  1. Ces harangues font toujours connaître l’esprit du temps, et quelquefois celui des acteurs. J’en ai resserré le sens, et j’ai rejeté les déclamations.