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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/359

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nemis, qui ne lui permirent pas de s’embarquer, et qui chassèrent ce monarque infortuné jusqu’à Papua[1], montagne inaccessible de l’intérieur de la Numidie, où il se retira avec un petit nombre de fidèles compagnons, il y fut aussitôt assiégé par Pharas, dont la véracité et la tempérance ont obtenu d’autant plus d’éloges, que ces qualités se trouvaient plus rarement chez les Hérules, les plus corrompus des Barbares. Pharas, après avoir vainement essayé d’escalader la montagne, tentative qui lui coûta cent dix soldats, résolut de continuer le siége durant l’hiver, et d’attendre l’effet de la misère et de la faim sur l’esprit du roi vandale. De toutes les habitudes du plaisir, de toutes les jouissances que s’empressaient de fournir à ses désirs la richesse et l’industrie, ce prince avait passé à la pauvreté des Maures[2], supportable seulement à des hommes qui ne connaissaient pas de condition plus heureuse. Ils couchaient pêle-mêle avec leurs femmes, leurs enfans, leur bé-

  1. D’Anville (t. III, p. 92 de la Géographie ancienne, et Tabud. imp. Rom. Occident.) place le mont Papua près de Hippo-Regius et de la mer ; mais cette position ne s’accorde ni avec cette longue poursuite au-delà de Hippo, ni avec ces paroles de Procope (l. II, c. 4) : Εν τοις Νο‌υμιδιας εσχατοις.
  2. Shaw (Travels, p. 220) décrit avec exactitude les mœurs des Bédouins et des Kabyles. On voit par la langue de ces derniers qu’ils forment le reste d’une peuplade maure ; mais combien ils sont changés ! quels progrès a fait la civilisation parmi ces Sauvages modernes ! Ils ont des vivres en abondance, et le pain est commun chez eux.