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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/374

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d’Afrique ; mais tandis qu’ils passaient tranquillement dans la dévotion le jour du repos institué par l’Église, une sortie de la garnison vint troubler la pieuse sécurité de leur camp[1], et le roi lui-même ne se débarrassa qu’avec beaucoup de peines et de dangers des mains d’un ennemi sacrilége. Bientôt son orgueil et son ressentiment purent être satisfaits par une ambassade suppliante de l’infortuné Gelimer, qui, dans sa détresse, implorait les secours du monarque espagnol ; mais au lieu de sacrifier ces indignes passions à la générosité et à la prudence, Theudès amusa les envoyés de Gelimer jusqu’au moment où il fut secrètement instruit de la perte de Carthage, et alors il les renvoya, leur conseillant, en termes équivoques et méprisans, d’aller s’informer au vrai, dans leur pays, de la situation des Vandales[2]. La longue durée de la guerre d’Italie différa le châtiment des Visigoths, et Theudès mourut sans avoir goûté les fruits de sa fausse politique. [Conquêtes des Romains en Espagne.]Après sa mort, le sceptre d’Espagne donna lieu à une guerre civile. Le compétiteur le plus faible sollicita la protection de Justinien, et son ambition le détermina à souscrire un traité d’alliance funeste à l’indépendance et au bonheur de son pays. Il reçut dans plusieurs villes

  1. Isidor., Chron., p. 722, édit. Grotius ; Mariana, Hist. Hispan., l. V, c. 8. p. 173. Toutefois, selon Isidore, le siége de Ceuta et la mort de Theudès eurent lieu (A. Æ. H. 586, A. D. 548) et la place était défendue, non par les Vandales, mais par les Romains.
  2. Procope, Vandal., l. I, c. 24.