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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/388

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de l’empire. Après un pareil succès, l’agent de Justinien, satisfait de ces extraordinaires concessions s’empressa de retourner à Constantinople ; mais à peine était-il arrivé sur le territoire d’Albe[1], qu’il fut rappelé par l’inquiétude de Théodat ; et le dialogue qui eut lieu entre le roi et l’ambassadeur mérite d’être conservé dans toute sa simplicité. « Pensez-vous que l’empereur ratifie le traité ? — Peut-être. — S’il ne veut pas le ratifier, qu’en arrivera-t-il ? — La guerre. — Une pareille guerre serait-elle juste et raisonnable ? — Assurément, chacun agirait d’après son caractère. — Que voulez-vous dire ? — Vous êtes philosophe et Justinien est empereur des Romains ; il siérait mal à un disciple de Platon de verser le sang des hommes pour sa querelle particulière : le successeur d’Auguste soutiendrait ses droits et recouvrerait par les armes les anciennes provinces de son empire. » Ce raisonnement pouvait ne pas convaincre, mais il suffisait pour alarmer et subjuguer la faiblesse de Théodat ; et il ne tarda pas à déclarer que, pour une misérable pension de quarante-huit mille livres sterling, il résignerait le royaume des Goths et des Italiens, et se livrerait, le

  1. L’ancienne ville d’Albe fut détruite dans les premiers temps de Rome. Sur son terrain, ou dans ses environs, on a vu successivement, 1o. la maison de campagne de Pompée, etc. ; 2o. un camp des cohortes prétoriennes ; 3o. la ville moderne et épiscopale d’Albanum ou Albano. (Procope, Goth., l. II, c. 4 ; Cluvier, Ital. antiq., t. II, p. 914.)