Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/398

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

admirable par sa solidité[1]. Bélisaire toutefois préféra la voie Latine, qui, plus éloignée de la mer et des marais, se prolongeait au pied des montagnes, sur un espace de cent vingt milles. Ses ennemis avaient disparu : [Bélisaire entre dans Rome. A. D. 536. Déc. 10.]au moment où il entrait dans Rome par la porte Asinaire, la garnison s’éloignait, sans être inquiétée, par la voie Flaminienne ; et après soixante années de servitude cette ville fut délivrée du joug des Barbares. Leuderis seul, soit orgueil, soit mécontentement, refusa de suivre les fuyards ; et le général goth, trophée de la victoire, fut envoyé avec les clefs de Rome au pied du trône de l’empereur Justinien[2].

Siége de Rome par les Goths. A. D. 539. Mars.

Les premiers jours qui se trouvaient coïncider avec l’époque des anciennes Saturnales furent consacrés aux félicitations et à la joie publique, et les catholiques se disposèrent à célébrer sans rivaux la naissance de Jésus-Christ. Les Romains purent acquérir dans l’entretien d’un héros quelques notions des vertus que l’histoire attribuait à leurs aïeux. Ils

  1. Bergier (Hist. des grands chemins des Romains, t. I, p. 221-228, 440-444) examine la structure et les matériaux de cette route ; et d’Anville (Analyse de l’Italie, p. 200-213) détermine sa direction.
  2. La suite des événemens, plutôt que le texte corrompu ou interpolé de Procope, fait connaître que Bélisaire reprit Rome l’an 536. Evagrius (l. IV, c. 19) indique le mois de décembre ; et on peut supposer que ce fut le 10, d’après le témoignage de Nicephorius Callistus (l. XVII, c. 13), écrivain d’ailleurs assez peu exact. Je dois ces remarques aux recherches et à la pénétration de Pagi, t. II, p. 559, 560.