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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/412

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lui enleva la meilleure communication qu’il eût avec la mer. Il vit avec douleur et avec colère que s’il eût pu se priver de trois cents hommes pour les y envoyer, une si faible troupe aurait suffi pour défendre les imprenables fortifications de cette place. À sept milles de la capitale, entre la voie Latine et la voie Appienne, deux aquéducs principaux qui se croisaient et se croisaient une seconde fois à quelque distance du premier point d’intersection, renfermaient un espace défendu par leurs arceaux solides et élevés[1], où Vitigès établit un camp de sept mille Goths, afin d’intercepter les convois de la Sicile et de la Campanie. Les magasins de Rome s’épuisèrent insensiblement ; le pays d’alentour avait été dévasté par le fer et la flamme ; et la quantité peu considérable de provisions qu’on obtenait par des courses faites à la hâte, servait de récompense à la valeur et était achetée par les riches ; le fourrage ne manqua jamais aux chevaux, ni le pain aux soldats ; mais dans les derniers mois du siége, le peuple fut exposé à

  1. Procope (Goth., l. II, c. 3) a oublié de nommer les aquéducs, et rien dans les écrits de Frontinus, Fabretti et Eschinard, De aquis, et de agro romano, ni dans les cartes de Lameti et de Cingolani, n’annonce clairement cette double intersection placée à cette distance de Rome. On trouve à sept ou huit milles de Rome (à cinquante stades) sur le chemin d’Albano, entre la voie Latine et la voie Appienne, les restes d’un aquéduc, probablement de Septimien, qui se prolonge sur une étendue de six cent trente pas, et dont les arceaux ont vingt-cinq pieds de hauteur (υψηλω εσαγαν).