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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/415

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Esprit, on élut le diacre Vigile qui avait payé le trône pontifical au prix de deux cents livres d’or. Le profit, et par conséquent le crime de cette simonie, fut imputé à Bélisaire ; mais le héros obéissait aux volontés de sa femme ; Antonina servait les passions de l’impératrice, et Théodora prodigua des trésors dans la vaine espérance d’obtenir un pape opposé ou indifférent au concile de Chalcédoine[1].

Délivrance de Rome.

Bélisaire instruisit l’empereur de ses victoires, de ses dangers et de sa résolution. « Selon vos ordres, lui dit-il, nous sommes entrés dans le pays des Goths, et nous avons soumis à votre empire, la Sicile, la Campanie et la ville de Rome ; mais la perte de ces avantages serait plus déshonorante que leur acquisition n’a été glorieuse. Jusqu’ici nous avons triomphé de la multitude des Barbares ; mais leur multitude peut à la fin l’emporter. La victoire est un bienfait du ciel ; mais la réputation des rois et des généraux dépend du succès ou de la mauvaise réussite de leurs desseins. Permettez-moi de vous parler avec liberté : si vous voulez que nous vivions, envoyez-nous des subsistances ; si vous voulez que nous soyons vainqueurs, envoyez-nous des armes, des

  1. Procope rapporte cet acte de sacrilége malgré lui et en peu de mots (Goth., l. I, c. 25). La narration de Liberatus (Breviarum, c. 22) et d’Anastase (De vit. Pontif., page 39) est détaillée, mais remplie de passion. Écoutez les anathèmes du cardinal Baronius, A. D. 536, no 123 ; A. D. 538, nos 4-20 : Portentum, facinus omni execratione dignum.