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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/429

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ne tombaient pas en ces occasions sur les innocens et les malheureux sans appui, on pourrait se réjouir de la détresse des vainqueurs, qui, au milieu des richesses du pays, manquèrent de pain et de vin, et furent réduits à boire l’eau du , et à manger la chair des bêtes alors attaquées d’une maladie contagieuse. La dyssenterie enleva un tiers de leur armée ; et les clameurs des sujets de Théodebert, impatiens de repasser les Alpes, le disposèrent à écouter avec déférence les conseils remplis d’humanité que lui adressa Bélisaire. Les médailles de la Gaule perpétuèrent le souvenir de cette guerre si meurtrière et si peu glorieuse ; et Justinien, sans avoir tiré l’épée, prit le titre de vainqueur des Francs. Le roi mérovingien fut blessé de la vanité de l’empereur ; il montra de la pitié sur le malheur des Goths, et leur proposa insidieusement une confédération : la promesse ou la menace de descendre des Alpes à la tête de cinq cent mille hommes, donnait du poids à ses propositions. Ses plans de conquête étaient sans bornes, et peut-être chimériques : le roi d’Austrasie menaçait de châtier Justinien, et de se rendre aux portes de Constantinople[1] ; il fut renversé et tué[2] par un taureau sau-

  1. Agathias, l. I, p. 14, 15. Quand il serait venu à bout de séduire où de subjuguer les Gépides ou les Lombards de la Pannonie, l’historien grec est persuadé qu’il aurait péri dans la Thrace.
  2. Théodebert ayant lancé sa pique au taureau, l’animal renversa un arbre sur la tête du roi : il mourut le même