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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/436

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qua à Ravenne ses trophées et le butin qu’il avait recueilli ; et prouva, par sa prompte obéissance, que ce brusque rappel était aussi injuste qu’il aurait pu devenir imprudent. Justinien reçut d’une manière honorable Vitigès et son illustre compagnon ; et comme le roi des Goths consentit à se soumettre au symbole de saint Athanase, il obtint de riches terres en Asie, et le rang de sénateur et de patrice[1]. On put admirer sans danger la force et la stature des jeunes Barbares ; ceux-ci adorèrent la majesté du trône, et promirent de verser leur sang au service de leur bienfaiteur. On déposa dans le palais de Byzance les trésors de la monarchie des Goths ; un sénat adulateur obtint quelquefois la permission de jouir de ce magnifique spectacle ; mais il fut soigneusement dérobé aux regards du public ; et le conquérant de l’Italie renonça sans murmures, et peut-être sans regrets, aux honneurs bien mérités d’un second triomphe. Sa gloire, il est vrai, se trouvait élevée au-dessus d’une vaine cérémonie ; et au milieu même d’un siècle de servitude, le respect et l’admiration de son pays suppléèrent aux faibles et perfides éloges de la cour. Quelque part qu’il se montrât, soit dans les rues ou les lieux publics de Constanti-

  1. Vitigès vécut deux ans à Constantinople, et imperatoris in affecta convictus (ou conjunctus) rebus excessit humanis. Mathasuintha, sa veuve, en épousant le patricien Germanus, de qui elle eut Germanus-le-Jeune, unit le sang de la famille Anicienne et de celle des Amali. (Jornandès, c. 60, p. 221, in Muratori, t. I.)