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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/440

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teurs des chars. Elle fut tour à tour, selon les diverses situations de sa fortune, la compagne, l’ennemie, la complaisante et la favorite de l’impératrice Théodora. Les mêmes plaisirs avaient réuni ces deux femmes libertines et ambitieuses. La jalousie du vice les divisa, et enfin des crimes communs les réconcilièrent. Avant son union avec Bélisaire, Antonina avait eu déjà un mari et beaucoup d’amans : Photius, enfant de son premier mariage, se trouva assez âgé pour se distinguer au siége de Naples ; ce ne fut que dans l’automne de sa vie et au déclin de sa beauté[1], [Théodose, son amant.]qu’elle se livra à un attachement scandaleux pour un jeune Thrace. Celui-ci, qu’on nommait Théodose, avait été élevé dans l’hérésie d’Eunomius : comme il fut le premier soldat qui s’embarqua pour l’Afrique, son baptême dans cette circonstance et son nom d’un augure favorable, parurent en quelque sorte consacrer le voyage, et Bélisaire et Antonina, ses parens spirituels, adoptèrent et reçurent dans leur famille le nouveau prosélyte[2]. Avant d’aborder à la côte d’Afrique, cette sainte alliance avait dégénéré en un amour sensuel ; et Antonina ayant

  1. Procope insinue (Anecdot., c. 4) que lorsque Bélisaire revint en Italie (A. D. 543), Antonina avait soixante ans. Ne peut-on pas, par une interprétation forcée, mais plus polie, rapporter cet âge de soixante ans à l’époque où Procope écrivait, en 559, qui s’accorderait encore avec la virilité de Photius (Goth., l. I, c. 10), en 536 ?
  2. Rapprochez la guerre des Vandales (l. I, c. 12) des Anecdotes (c. 1) et d’Aleman. (p. 2, 3). Léon-le-Philosophe fit revivre cette adoption baptismale.