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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/56

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dignité la plus illustre parmi les Francs, était apprécié à la somme de six cents pièces d’or ; tandis que la somme de trois cents pièces était la compensation légale du meurtre d’un noble romain que les rois admettaient à leur table ; deux cents pièces expiaient le meurtre d’un simple Franc ; mais la vie d’un Romain des dernières classes, estimée au prix de cent ou même de cinquante pièces, était peu garantie par cette déshonorante compensation. Si l’équité ou la raison avaient pu se faire entendre dans la composition de ces lois, la protection publique aurait augmenté en proportion de la faiblesse et du danger des citoyens ; mais le législateur pesait dans la balance de la politique et non de la justice, la perte d’un guerrier et celle d’un esclave. La tête d’un Barbare avide et arrogant était assurée par une amende considérable, tandis que la vie d’un sujet faible et pacifique n’obtenait qu’une faible protection. Après un certain temps, les vaincus devinrent moins dociles et les vainqueurs moins orgueilleux. L’expérience apprit aux plus fiers d’entre eux que l’impunité dont ils profitaient quelquefois, les exposait à plus de dangers qu’ils n’en pouvaient faire courir aux autres. À mesure que les Francs devinrent moins féroces, leurs lois devinrent plus sévères, et les rois mérovingiens essayèrent d’introduire dans leurs états

    héréditaire. L’abbé de Mably (tom. I, p. 334-347) paraît prendre plaisir à mortifier l’orgueil des nobles (Esprit, l. XXX, c. 25), en datant l’origine de la noblesse française du règne de Clotaire II, A. D. 615.