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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/151

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tête de trois cents chevaux, pour réprimer leur brigandage. Sur les confins du pays des Samnites les deux frères divisèrent leurs forces. Buccelin, à la tête de l’aile droite, alla ravager la Campanie, la Lucanie et le Bruttium ; et Lothaire, qui conduisait l’aile gauche, se chargea du pillage de la Pouille et de la Calabre. Ils suivirent les côtes de la Méditerranée et de l’Adriatique, jusqu’à Reggio et Otrante, et leur marche destructive ne s’arrêta qu’aux extrémités de l’Italie. Les Francs chrétiens et catholiques se bornèrent au pillage des biens séculiers, et ne commirent le meurtre qu’entraînés par l’occasion ; mais les églises qu’avait épargnées leur piété, furent dépouillées par la main sacrilége des Allemands, qui offraient des têtes de chevaux aux divinités des bois et des rivières de leur patrie[1]. Ceux-ci fondirent ou profanèrent les vases sacrés ; et après avoir renversé les autels et les tabernacles, les inondèrent du sang des fidèles. Buccelin était animé par l’ambition, et Lothaire par l’avarice. Le premier aspirait au rétablissement du royaume des Goths ; et le second, après avoir promis à son frère de revenir promptement à son secours, retourna par le chemin qu’il avait parcouru, pour aller déposer ses trésors

  1. Agathias parle en philosophe de leur superstition, l. I, p. 18. Le canton de Zug en Suisse était encore idolâtre en 613. Saint Colomban et saint Gall furent les apôtres de cette sauvage contrée, et le dernier fonda un ermitage, qui est devenu une principauté ecclésiastique et une ville peuplée, siége de la liberté et du commerce.