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de graver sur l’airain, ou le bois ou l’ivoire, les douze tables des lois romaines[1]. Ces lois avaient été dictées par l’esprit sévère et jaloux d’une aristocratie qui avait cédé avec répugnance aux justes réclamations du peuple. Mais le fond des Douze-Tables fut calculé d’après la situation où se trouvait alors la ville ; et les Romains étaient sortis de la barbarie, puisqu’ils pouvaient étudier et adopter les institutions de leurs voisins plus éclairés. L’envie avait chassé de sa patrie Hermodore, sage citoyen d’Éphèse. Avant d’atteindre les rivages du Latium, il avait observé la nature humaine et la société civile sous leurs diverses formes ; il communiqua ses lumières aux législateurs de Rome, et une statue fut élevée dans la place publique pour immortaliser sa mémoire[2]. Les noms et les divisions des pièces de cuivre, seule monnaie des premiers temps de Rome,

    d’Halycarnasse (l. X, p. 644 ; XI, p. 691). Que l’auteur romain est concis et animé ! et comme l’auteur grec est prolixe et sans vie ! Denys d’Halycarnasse toutefois a jugé d’une manière admirable les grands maîtres, et expose habilement les règles de la composition historique.

  1. D’après les historiens, Heineccius (Hist. J. R., l. I, no 126) dit que les Douze-Tables étaient d’airain, æreas. On lit eboreas dans le texte de Pomponius ; et Scaliger a substitué à ce mot celui de roboreas. (Bynkershoek, p. 286.) On a pu employer successivement le bois, l’airain et l’ivoire.
  2. Cicéron (Tuscul. Quæst., V, 36) parle de l’exil d’Hermodore ; Pline (Hist. nat., XXXIV, II) parle de sa statue. La lettre, le songe et la prophétie d’Héraclite sont supposés. (Epist. græc. divers., p. 337.)