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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/211

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sibles qui éveillent l’attention et qui perpétuent le souvenir de tous les événemens publics ou particuliers. La jurisprudence des premiers Romains présentait le jeu d’une espèce de pantomime ; les paroles se rapportaient aux gestes ; et la moindre erreur ou la moindre négligence dans les formes suffisait, quel que fût le droit, pour entraîner la perte du fond. On désignait la communion du mariage par le feu et l’eau, élémens nécessaires à la vie[1]. La femme qu’on répudiait rendait le trousseau des clefs, emblème du gouvernement de la famille dont on l’avait chargée. Pour affranchir son fils ou son esclave, on le renvoyait en lui donnant un petit coup sur la joue ; une pierre jetée sur les travaux interdisait la continuation d’un ouvrage ; on cassait une branche d’arbre pour interrompre une prescription ; le poing fermé était le symbole d’un gage ou d’un dépôt ; on présentait la main droite pour annoncer qu’on engageait sa parole ou qu’on accordait sa confiance ; une affaire se concluait en rompant un brin de paille : tous les paiemens étaient accompagnés de poids et de balances, et l’héritier qui acceptait un testament était quelquefois obligé de faire claquer ses doigts, de jeter ses habits, de sauter et de danser, soit qu’il en eût envie ou non[2]. Si un citoyen allait

  1. Scævola, vraisemblablement Q. Cervidius Scævola, maître de Papinien, considère cette acceptation du feu et de l’eau comme l’essence du mariage. Pand., l. XXIV, t. 1, leg. 66. Voyez Heineccius, Hist. J. R., no 317.
  2. Cicéron (De officiis, III, 19) peut ne parler que par