le vainqueur de l’Italie n’eût été rappelé pour défendre l’Orient[1]. Tandis que Chosroès suivait ses desseins ambitieux sur la côte de l’Euxin, Bélisaire, avec une armée sans paye ni discipline, campait au-delà de l’Euphrate, à six milles de Nisibis. Il forma le projet d’attirer les Perses hors de leur imprenable citadelle, et profitant de ses avantages en rase campagne, d’intercepter leur retraite ou de pénétrer avec les fuyards dans la place. Il s’avança, l’espace d’une journée, sur le territoire de la Perse ; il réduisit la forteresse de Sisaurane. Le gouverneur et huit cents cavaliers d’élite allèrent servir l’empereur dans ses guerres d’Italie. Arethas et ses Arabes, soutenus de douze cents Romains, eurent ordre de passer le Tigre et de ravager les moissons de l’Assyrie ; province fertile, qui depuis long-temps n’avait pas éprouvé les calamités de la guerre : mais les plans de Bélisaire furent déconcertés par l’intraitable indocilité d’Arethas, qui ne revint point au camp et n’envoya aucune nouvelle de ses opérations. Le général romain, attendant avec inquiétude, demeurait immobile dans les mêmes positions : le temps d’agir s’écoulait, et le soleil brûlant de la Mésopotamie enflammait des ardeurs de la fièvre le sang de ses soldats européens. Cette diversion, toutefois, avait eu