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Constantin VII. A. D. 945. Janvier 27.

Les vices de Romain et ceux de ses enfans causèrent sa perte. Après la mort de Christophe, son fils aîné, ses deux autres enfans, désunis entre eux, conspirèrent contre leur père. Vers l’heure de midi, moment de la journée où l’on faisait sortir du palais tous les étrangers, ils entrèrent dans son appartement accompagnés de gens armés, et le conduisirent en habit de moine à une petite île de la Propontide, qu’habitait une communauté religieuse. Le bruit de cette révolution domestique remplit la ville de désordre ; mais Porphyrogenète, l’empereur légitime, fut seul l’objet des soins du public ; et une tardive expérience apprit aux fils de Lecapenus qu’ils avaient exécuté pour leur rival un dessein coupable et hasardeux. Hélène leur sœur, femme de Constantin, leur imputa le projet véritable ou faux d’assassiner son mari au milieu d’un festin ; ses partisans prirent l’alarme : les deux usurpateurs furent prévenus dans leur dessein, saisis, dépouillés de la pourpre, et embarqués pour l’île et le monastère où ils venaient d’emprisonner leur père. Le vieux Romain les reçut au rivage avec un sourire moqueur, et après leur avoir justement reproché leur ingratitude et leur folie, offrit à chacun de ses deux collègues à l’empire une portion de l’eau et des nourritures végétales qui composaient ses repas. Constantin VII était âgé de quarante ans lorsqu’il fut mis en possession de l’empire d’Orient, sur lequel il régna ou parut régner près de quinze ans. Il manquait de cette énergie qui eut pu le pousser à une vie active