Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/233

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Bryennius avait de la réputation et la faveur du peuple ; mais il ne put empêcher ses troupes de piller et de brûler un faubourg ; et le peuple, qui aurait accueilli le rebelle, repoussa l’incendiaire de son pays. Cette révolution dans l’opinion publique fut favorable à Botaniate, qui enfin, à la tête d’une armée de Turcs, s’approcha des rivages de Chalcédoine. Le patriarche, le synode et le sénat firent publier, dans les rues de Constantinople, une invitation à tous les citoyens de la capitale, de se réunir dans l’église de Sainte-Sophie ; et, dans cette assemblée générale, on délibéra tranquillement et sans désordre sur le choix d’un empereur. Les gardes de Michel auraient pu disperser cette multitude désarmée ; mais ce faible prince, s’applaudissant de sa modération et de sa clémence, déposa les signes de la royauté, en dédommagement desquels on lui donna l’habit de moine et le titre d’archevêque d’Éphèse. Constantin, son fils, naquit et fut élevé dans la pourpre ; et une fille de la maison de Ducas illustra le sang et affermit le trône dans la famille des Comnène.

Nicéphore III, Botaniate. A. D. 1078. Mars 25.

Jean Comnène, frère de l’empereur Isaac, après le refus généreux qu’il avait fait de la couronne, avait passé le reste de ses jours dans un honorable repos. Il laissait huit enfans d’Anne, son épouse, femme d’un courage et d’une habileté supérieure à son sexe ; trois filles multiplièrent les alliances des Comnène avec les plus nobles d’entre les Grecs. L’aîné de ses cinq fils, Manuel, fut enlevé par une mort prématurée ; Isaac et Alexis parvinrent à l’empire, et réta-