Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/90

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ou du moins avec les apparences du respect. Cependant, si ces évêques, innocens ou coupables, se trouvaient anéantis dans la nuit éternelle, les clameurs poussées sur leur tombeau un siècle après l’époque de leur mort ne pouvaient guère les éveiller ; si, dans une autre hypothèse, ils étaient déjà dans les mains du démon, l’homme ne pouvait plus ni aggraver ni adoucir leurs tourmens ; et enfin s’ils jouissaient, dans la société des saints et des anges, de la récompense due à leur piété, ils devaient sourire de la vaine fureur des insectes théologiques qui rampaient encore sur la surface de la terre. L’empereur des Romains, le plus acharné de ces insectes, dardait son aiguillon et lançait son venin, peut-être sans apercevoir les motifs de Théodora et des ecclésiastiques de sa faction. Les victimes n’étaient plus soumises à son pouvoir, et ses édits, avec toute la véhémence de leur style, ne pouvaient que proclamer leur damnation, et inviter le clergé de l’Orient à se réunir à lui pour les accabler d’imprécations et d’anathèmes. Les prélats de l’Orient hésitèrent à se réunir à leur souverain sur cet objet ; [Cinquième concile général, ou le deuxième de Constantinople. A. D. 553. Mai 4, Juin 2.]on tint à Constantinople le cinquième concile général, auquel assistèrent trois patriarches et cent soixante-cinq évêques ; et les auteurs, ainsi que les défenseurs des trois chapitres, furent séparés de la communion des saints, et livrés solennellement au prince des ténèbres. Les églises latines étaient plus jalouses de l’honneur de Léon et de celui du concile de Chalcédoine ; et si, comme de coutume, elles eussent combattu sous l’étendard de Rome, elles