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POLYNICE

C’est-à-dire que je n’aurais pas su que j’y pense. Il y a des tas de choses auxquelles nous pensons sans le savoir.

ÉTÉOCLE

C’est de quoi nos rêves sont faits.

POLYNICE

Ne te demandes-tu jamais jusqu’où n’irait point la pensée ? Dans ma dernière Ode, je la compare à un dragon dont nous ne connaîtrions le plus souvent que le corps et la queue, ce qui traîne dans le passé ; un sphinx que je sens promener en moi son mufle invisible, flairant tout, reniflant tout, promener partout une curiosité attentatoire. Et le reste suit comme il peut.