Page:Gide - Dostoïevsky, 1923.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’embrouille dans les désirs et dans les idéals. Se trouve-t-il donc encore trop peu de faits pour prouver que la société ne se fonde pas ainsi, que ce ne sont pas ces chemins qui conduisent au bonheur et que le bonheur ne provient pas de là comme on le croyait jusqu’à présent ? Mais alors d’où provient-il ? On écrit tant de livres et on perd de vue le principal : à l’occident on a perdu le Christ… et l’occident tombe à cause de cela, uniquement à cause de cela. » Quel catholique français n’applaudirait… s’il ne se heurtait point devant l’incidente, que d’abord j’omettais : « On a perdu le Christ, — par la faute du catholicisme. » Quel catholique français dès lors oserait se laisser émouvoir par les larmes de piété dont cette correspondance ruisselle ? En vain Dostoïevsky voudra-t-il « révéler au monde un Christ russe, inconnu à l’univers et dont le principe est contenu dans notre orthodoxie », — le catholique français, de par son orthodoxie à lui, se refusera d’écouter, — et c’est en vain, pour aujourd’hui du moins, que Dostoïevsky ajoutera : « À mon avis, c’est là que se trouve le principe de notre future puissance civilisatrice et de la résurrection par nous de toute l’Europe, et toute l’essence de notre future force. »

De même encore si Dostoïevsky peut offrir à M. de Vogüé de quoi voir en lui « de l’acharnement contre la pensée, contre la plénitude de la