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ISABELLE

mulée derrière les broussailles. Nous nous assîmes sur un quartier de roche que tiédissait le soleil déjà bas. Le parc s’achevait là sans clôture ; nous avions laissé à notre gauche un chemin qui descendait obliquement et que coupait une petite barrière ; le dévalement, partout ailleurs assez abrupt, servait de protection naturelle.

— Vous, Casimir, avez-vous déjà voyagé ? demandai-je.

Il ne répondit pas ; baissa le front… À nos pieds le vallon s’emplissait d’ombre ; déjà le soleil touchait la colline qui fermait le paysage devant nous. Un bosquet de châtaigniers et de chênes y couronnait un tertre crayeux criblé des trous d’une garenne ; le site un peu romantique tranchait sur la mollesse uniforme de la contrée.

— Regardez les lapins, s’écria tout à coup Casimir ; puis, au bout d’un instant, il ajouta, indiquant du doigt le bosquet :

— Un jour, avec Monsieur l’abbé, j’ai monté là.