Page:Gide - La Symphonie pastorale.pdf/121

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tune et loisirs furent mieux mérités ? De tout temps Louise de La M… s’est beaucoup occupée des pauvres ; c’est une âme profondément religieuse, qui semble ne faire que se prêter à cette terre et n’y vivre que pour aimer ; malgré ses cheveux presque tout argentés déjà qu’encadre un bonnet de guipure, rien de plus enfantin que son sourire ; rien de plus harmonieux que son geste, de plus musical que sa voix. Gertrude a pris ses manières, sa façon de parler, une sorte d’intonation, non point seulement de la voix, mais de la pensée, de tout l’être — ressemblance dont je plaisante l’une et l’autre, mais dont aucune des deux ne consent à s’apercevoir. Qu’il m’est doux, si j’ai le temps de m’attarder un peu près d’elles, de les voir, assises l’une auprès de l’autre et Gertrude soit appuyant son front sur l’épaule de son amie, soit abandonnant une de ses mains dans les siennes, m’écouter lire quelques vers de Lamartine ou de Hugo ; qu’il m’est doux de contempler