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LE PROMÉTHÉE

souhaiter ; le mal est quelque chose qu’on rend.

Et si ce n’est pas par erreur — pensai-je, car pour la première fois je pensais. Si ce soufflet m’était bien destiné ! D’ailleurs j’ajoutais : Eh ! qu’importe ! par erreur ou non je l’ai reçu, ce soufflet, et… et le rendrai-je ? — Je vous l’ai dit, j’ai le naturel bon ; et puis une chose me gêne : celui qui m’a giflé était plus fort que moi.

Quand ma joue fut calmée et que je pus enfin sortir, je recherchai bien mon gifleur ; oui, mais ce fut pour l’éviter. D’ailleurs je ne le rencontrai point, et si je l’évitai, ce fut sans le savoir.

Mais — et ce disant il s’inclinait vers