Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/145

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Il y a des sources qui jaillissent des rochers ;
Il y en a qu’on voit sourdre de sous les glaciers —
Il y en a de si bleues qu’elles en ont l’air plus profondes ;
(À Syracuse la Cyané merveilleuse de cela.)

Source azurée ; vasque abritée ; éclosion d’eau entre des papyrus ; nous nous sommes penchés de la barque ; sur un gravier qui semblait de saphirs, des poissons d’azur naviguaient.

À Zaghouan, du Nymphéum jaillissent les eaux qui jadis abreuvaient Carthage.

À Vaucluse, l’eau sort de terre, abondante comme si elle coulait depuis longtemps ; c’est déjà presque un fleuve, et qu’on peut remonter sous la terre ; il traverse des grottes et s’imprègne de nuit. La lumière des torches vacille, est oppressée ; puis il y a un endroit tellement sombre qu’on se dit : Non, jamais je ne pourrai remonter ce fleuve plus longtemps.

Il y a des sources ferrugineuses, qui colorent somptueusement les rochers.