Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/155

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Deux heures : — Enfants couchés. Silence étouffant. Possibilité de musique, mais n’en pas faire. Odeur des rideaux de cretonne. Jacinthes et tulipes. Lingeries.

Cinq heures : — Réveils en sueur ; cœur battant ; frissons ; tête légère ; disponibilité de la chair ; chair poreuse et que semble envahir trop délicieusement chaque chose. Soleil bas ; pelouses jaunes ; yeux éclos dans la fin du jour. Ô ! liqueur de la pensée vespérale. Déroulement des fleurs du soir. Se laver le front d’eau tiède ; sortir… Espaliers ; jardins enclos de murs au soleil. Route ; animaux revenant des pâtis ; coucher de soleil inutile à voir — admiration déjà suffisante.

Rentrer. Reprendre le travail, près de la lampe.

Nathanaël, que te dirai-je des couches ?

J’ai dormi sur les meules ; j’ai dormi dans les sillons des champs de blé ; j’ai dormi dans l’herbe, au soleil ; dans les greniers à foin, la nuit. — J’accrochais des hamacs aux branches des arbres ;