Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Où tu ne peux pas dire tant mieux, dis : tant pis. Nathanaël, il y a là de grandes promesses de bonheur.

Il y en a qui regardent les instants de bonheur comme donnés par Dieu — et les autres comme donnés par Qui d’autre ?…

Nathanaël, ne distingue pas Dieu de ton bonheur.

— Je ne peux pas plus être reconnaissant à « Dieu » de m’avoir créé que je ne pourrais lui en vouloir de ne pas être, — si je n’étais pas.

Nathanaël, il ne faut parler de Dieu que naturellement.

Je veux bien que l’existence une fois admise, celle de la terre et de l’homme et de moi paraisse naturelle, mais ce qui confond mon intelligence, c’est la stupeur de m’en apercevoir…

Certes j’ai chanté moi aussi des cantiques et j’ai écrit la