Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/66

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ment accomplie) — la lune — douce, douce, douce comme pour l’abord d’Hélène au second Faust ; mer déserte ; village mort. Un chien hurle dans la nuit… loques pendant à des fenêtres.

Pas de place pour l’homme. Ne plus comprendre comment tout cela va se réveiller. Désolation excessive du chien. Le jour n’aura plus lieu. Impossibilité de dormir. Est-ce que tu feras… : (ceci ou cela) : sortiras-tu dans le jardin désert ? — descendras-tu vers la plage, t’y laver ? — iras-tu cueillir des oranges, qui semblent grises sous la lune… ? d’une caresse consoleras-tu le chien ? — (Tant de fois j’ai senti la nature réclamer de moi un geste, et je n’ai pas su lequel lui donner)… Attendre le sommeil qui ne va pas venir…

.......

Un enfant est entré dans ce jardin, s’accrochant à la branche qui frôlait l’escalier ; l’escalier menait à des terrasses ; longeant ce jardin ; l’on n’y paraissait pas pouvoir entrer.

Ô ! petite figure que j’ai caressée sous les feuilles — jamais assez d’ombre n’aura pu ternir ton éclat — et l’ombre des boucles sur ton front paraît toujours encor plus sombre.