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Neige de Noël



 

I



Le soleil de décembre est disparu sans flammes.
Il neige. C’est Noël. Le mystère des cieux
Donne, en la grande paix du soir silencieux,
La blancheur à la terre et la lumière aux âmes.

L’onde qu’en pur cristal l’abîme constella,
Veut embellir la nuit de la très sainte fête ;
C’est le rêve éthéré de l’espace, qui jette
Sur les sombres vivants ce rayon d’au-delà.

Avec le flot lacté des plages éternelles,
Les anges sont venus ; ils veillent près de nous ;
Et le cœur attendri des croyants à genoux
Peut rythmer son extase aux frissons de leurs ailes.

Le tourbillon s’engouffre à pleine immensité ;
Déjà, la terre a mis sa robe à blanche traîne ;
Ville, fleuve, forêt, montagne, gouffre et plaine,
D’innocence vêtus, sont prêts, Divinité !


II



Quand la goutte d’eau monte avec l’envol des nues,
Jusqu’au sein glacial des sphères inconnues
Dont le regard stellaire est l’unique témoin,
Elle se cristallise en fin duvet de cygne.
Mais, marquée au rayon d’un plus céleste signe,
La neige de Noël doit venir de plus loin.