Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/83

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Quand sur le sol Laurentien seront passés
Des jours dont le calcul nous entraîne au vertige ;
Sur les sables mouvants quand seront effacés
Notre éphémère empreinte et nos derniers vestiges ;
Quand nous aurons été par d’autres remplacés,
Et, quand à leur déclin, le vent des cimetières
Aura sur d’autres morts roulé d’autres poussières ;
Plus loin dans l’avenir, peuples ensevelis,
Quand le linceul du temps vous aura dans ses plis ;

Après votre néant, quand d’autres millénaires
Sur d’autres vanités tendront d’autres oublis,
Le Cap sera debout sur les eaux solitaires,
Debout sur les débris des nations altières ;
Le Cap Éternité dressé sur l’Infini
Sera debout dans son armure de granit.
Oh ! combien de destins, dans les nuits infernales,
Auront subi l’assaut des tourmentes fatales !...

Que verra-t-il, dans l’avenir mystérieux ?
Quels déclins ! mais aussi quels essors merveilleux
D’audace et de calcul, quel art, quelle magie,
Quelles éclosions de patient génie,
Et quels profonds secrets conquis sur l’inconnu !

Verra-t-il au ciel bleu l’homme enfin parvenu,
Planer en sûreté sur ses ailes rigides
Ou frôler l’eau qui dort sans y laisser de rides ?...
Que verra-t-il dans l’avenir ? quels monuments
D’orgueil et de laideur, et quels effondrements ?...

La prospère beauté des campagnes fertiles
Au loin remplacera la beauté des forêts.