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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


La brise parfumée est caressante et douce.
Elle apporte en passant des odeurs de moissons
Qui, des coteaux ombreux capitonnés de mousse,
Grisent les nids rêveurs cachés dans les buissons.

Bientôt des faulx s’élève aux champs le clair murmure.
Les reins arqués, les bras roussis par le soleil,
Sur le sol les faucheurs couchent la toison mûre
Des épis dont l’or semble un liquide vermeil.

Parfois, quelques lézards vautrés dans les ornières,
Sommeillent côte à côte, engourdis, paresseux.
Des couleuvres s’enfuient longeant les sablonnières ;
Un mulot cherche abri sous quelque tronc mousseux.

Des crapauds sous l’auvent parfumé des javelles,
Quettent béatement, vermisseaux et criquets.
Soudain, passe un enfant, et mille sauterelles
D’un bond strident s’enfuient à l’ombre des bosquets.