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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Dans les verges luisent les fruits…
La terre semble une rature…
Oh ! combien triste est la nature
Sans chants, sans soleil et sans bruits !

Les fleurs des prés sont mornes toutes,
Leurs pétales jonchent le sol.
Craintif, l’oiseau plane en son vol
De branche en branche, au bord des routes.

Dans un proche étang familier,
Quelques canards à mine lourde
Viennent plonger comme une gourde,
Puis s’en vont d’un pas régulier.

Ainsi, durant toute la pluie,
Ils chercheront des trous boueux,
Cancanant follement entr’eux
Leur attachement à la vie.

Mais, sous les vieux toits, dont l’auvent
Du soleil panse les brûlures,
Les heures — profondes blessures —
Au cœur pénètrent plus avant.