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PINDARE

s’exprime en toute occasion avec une vivacité qui ne permet pas le doute ; et, d’un autre côté, bien que Thèbes ait été à Platée l’auxiliaire énergique des Perses, il célèbre à plusieurs reprises leurs défaites : pour lui, leur invasion, c’était « le rocher de Tantale, suspendu au-dessus de la tête des Grecs, qu’un dieu a enfin détourné[1]. » Son patriotisme panhellénique s’étend même jusqu’aux victoires d’Hiéron sur les Carthaginois et les Tyrrhéniens, par lesquelles « l’Hellade a été soustraite à la lourde servitude » ; et il rapproche, dans une même louange en l’honneur d’Athènes, de Sparte et de Syracuse, les combats de Salamine, de Platée et d’Himère, où trois fois les Grecs ont vaincu les barbares[2]. Voici pourtant que, d’autre part, malgré ces éclatants témoignages de ses sentiments, un juge d’une autorité considérable, Polybe, l’accuse lui-même de connivence avec ses concitoyens dans leur trahison, dans ce médisme qu’ils ont embrassé par une crainte égoïste des maux de la guerre ; et il cite à l’appui de cette accusation des vers qu’il nous fait connaître[3]. Il est vrai qu’il paraît en dénaturer le sens ; cependant on peut en inférer avec quelque vraisemblance que, dans les troubles qui précédèrent ou qui suivirent la

  1. Isthm., vii, v. 20.
  2. Pyth., i, v. 145 et suiv.
  3. L. IV, 31.