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PINDARE

moins sensible ? Pourquoi, dans le mythe qu’il a choisi pour thème principal, telle partie est-elle mise en lumière et telle autre laissée dans l’ombre, sans souci, semble-t-il, de la proportion naturelle du récit ? Ainsi pourquoi, dans la première Olympique, où est inséré le mythe de Pélops, ces développements sur les crimes et la punition de Tantale ? Ou bien pourquoi, dans la quatrième Pythique, les magnifiques récits sur Jason s’interrompent-ils tout d’un coup ? Pourquoi certaines comparaisons et, dans ces comparaisons, certains détails qui ressortent plus que le reste ? Pourquoi encore ces maximes morales, qui ont évidemment un sens plus précis que les sentences des chœurs tragiques ? À toutes ces questions convient une même réponse : c’est que sans nul doute Pindare est plein d’allusions et même d’allégories ; mais comment les reconnaître et les interpréter ? À son public grec le poète disait : « Use maintenant de la sagacité d’Œdipe. » Il lui proposait donc des énigmes : et nous, comment ferons-nous pour deviner, nous qui ne sommes pas au courant, nous qui n’avons ni les mêmes habitudes, ni le même tour, ni la même souplesse d’esprit ? nous, qui le plus souvent sommes réduits à déterminer par hypothèse l’objet inconnu d’une allusion ?

Aussi il faut voir à quels efforts se livrent les interprètes modernes, comme ils s’entendent peu