Page:Girard - Études sur la poésie grecque, 1884.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
ÉTUDES SUR LA POÉSIE GRECQUE

à devenir honnête homme, comme à devenir danseur ou joueur de flûte. De même, c’est simplement un moraliste observateur qui dit dans un autre fragment que chaque espèce d’être se considère elle-même comme ce qu’il y a de mieux au monde : « Rien n’est plus beau pour l’homme que l’homme, pour le chien que le chien, pour l’âne que l’âne, pour le porc que le porc. » Nous ignorons si cette observation le conduisait jusqu’à l’argument connu de Xénophane contre l’anthropomorphisme :

« Si les bœufs et les lions avaient des mains, si avec ces mains ils peignaient et faisaient des ouvrages comme les hommes, ils représenteraient les dieux sous des formes et avec des corps semblables aux leurs : les chevaux les feraient semblables aux chevaux ; les bœufs semblables aux bœufs. »

En tout cas, il n’y a pas là matière à des recherches profondes, et c’est bien vainement qu’un certain Alcimus prétendait découvrir dans ce texte et dans d’autres, cités plus haut en grande partie, la preuve qu’Épicharme avait été un précurseur de Platon, fort utile au grand philosophe.

Il y a une observation générale qui s’applique à toutes ces interprétations philosophiques d’Épicharme, c’est que nous ne sommes pas sûrs de posséder l’expression de sa pensée personnelle.