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FLORENCE

toi, car tu dois être fatigué. Non ; pas sur cette chaise, tu vas l’écraser !

Quelques instants de plus, et c’eût été un désastre irréparable.

Et la petite chaise au dossier et aux pieds en bois doré sembla remercier sa bienfaitrice du service insigne qu’elle venait de lui rendre en lui évitant un affreux et obscur trépas.

— Voici, assieds-toi sur ce canapé ! Si je savais que tu viendrais souvent dans cette maison, je te ferais fabriquer une chaise en fer, car avec un gaillard de ta taille, on ne peut répondre de rien.

— Ouf ! dit-il avec un gros soupir de satisfaction. Trounne de l’air, qu’on est ben icitte ! Y fait chaud et on « cale » comme dans d’la ouate.

— As-tu ta pipe.

— Hein !…

— Eh bien, oui, ta pipe, ta pipe !

— Mais vous y pensez pas !

— Oui, oui, allume, et fais comme si tu étais chez toi.

— Ah ! pour ça, jamais d’la vie !

— Allume, te dis-je. Voici du feu.

« Si tu n’as pas de tabac, tant pis pour toi, je n’en use pas. »

Baptiste promenait du plancher au plafond et du plafond au plancher ses regards émerveillés.

Fumer dans la chambre de Florence était pour lui un sacrilège, tout comme s’il eût fumé dans sa sacristie.

Mais sur les injonctions réitérées de Florence, il