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FLORENCE

aimables, y leur donnait leur canne, et zut ! tout était dit. Y faisait ben !

Soudain, des pas retentissent au dehors. Florence écarte les rideaux. Elle voit deux hommes qui se dirigent vers la maison, bras dessus dessous.

— Qu’est-ce qu’ils viennent faire ces deux types là ? Encore des affaires avec mon père, je suppose. Viens ici, Baptiste, et regarde. Connais-tu ces deux gaillards ?

— Si je les connais ! Cré nom d’un nom, c’est, mais non, j’me trompe pas, c’est encore ce sacripant de cossu et ce « goddam » d’habit rouge.

« Voulez-vous que j’aille leur fermer la porte au nez ? »

— Non, laisse faire.

— Eh ben ! dame ; j’vas vous dire, mam’zelle Florence Si vous n’flairez rien dans tout c’gaspillage, moé je sens certainement queq’chose. On n’vient pas dans une maison respectable, par un temps d’païen semblable, comme un hibou dans un grenier, simplement pour acheter ou vendre des carottes.

Florence était devenue plus calme. Mais Baptiste se sentait sur les épines. Il ne prêtait qu’une attention distraite aux paroles de la jeune fille.

— Dis donc, Baptiste, pourquoi M. Rolette a-t-il choisi la carrière du journalisme de préférence à une autre ?

— Eh ben ! dame, mam’zelle Florence, voyez-vous, c’est que l’père est mort tout d’un coup sans crier gare, et la mère est restée toute fine seule avec des marmots, sur les bras. Pour lors, m’sieu Rolette, qui voulait d’abord être un avocat, fait ni un ni deux, y envoie