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FLORENCE

— Tiens, ordure, va respirer l’air pour te donner du cœur au ventre.

Florence, revenue à elle, se lève avec une agitation fébrile.

— Baptiste, dit-elle, il faut que je vole sur-le-champ au secours d’Hubert. Il est peut-être encore temps de le sauver… Va atteler… Voici la clef de l’écurie… Ne perds pas une minute… Durant ce temps, je vais aller mettre ma mante et ma coiffe… Vite ! vite !… prends garde que mon père ne te voie…

— Mais, mam’zelle Florence, où voulez-vous t’aller par un temps d’païen comme ça ! Ben sûr que vous allez attraper une congestation célébrale. Dites-moé ousque vous voulez t’aller. Si j’peux vous remplacer…

— Non, Baptiste, non ! Ma place est près de celui qui a tout sacrifié pour moi.

Une femme qui n’aime pas plus que la vie est indigne de l’amour.

— Eh ben ! dame, puisque vous l’voulez, mam’zelle Florence !

Il enjambe de nouveau la croisée.

Après dix minutes qui paraissent longues comme un siècle à Florence, il revient avec le cheval attelé à un cabriolet.

Florence sort par la fenêtre, afin d’éviter toute rencontre intempestive.

Baptiste tente un dernier effort.

— Mais, mam’zelle, vous y pensez pas ! Partir toute fine seule au milieu d’la nuit et par un temps pareil. C’est pas créquien, ça ! Comment z’allez-vous faire pour traverser le fleuve ?

— Ne crains rien. Je n’aurai qu’à frapper à la cabane