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FLORENCE

ouataient en passant à travers les nappes glaciales de la voûte éthérée.

Les corps des héroïques paysans, tombés sur le champ de bataille en défendant leur liberté contre le lâche et sanguinaire tyran, étaient traînés sur des chariots parés de crêpes et de pavillons français.

Venait ensuite le curé, saint vieillard aux cheveux d’argent.

Tout le village suivait, depuis le marmot jusqu’au septuagénaire. Les invalides seuls étaient restés au foyer. Le notaire était soutenu par l’aubergiste et Fanfan.

De loin, on aperçoit le cimetière avec ses croix noires et ses monuments blanchâtres.

Enfin, on est arrivé.

Les paysans, au teint hâlé, se rangent en cercle autour des fosses et se découvrent pieusement.

Le ministre du Christ, en étole et en surplis, récite les dernières prières. À l’injonction : « Partez, âmes chrétiennes, montez au ciel, » des sanglots éclatent de toutes parts. Les paysans essuient du revers de leurs mains ou de leurs manches les larmes qui les aveuglent.

Et le cortège s’en retourne, par groupes de trois ou quatre.

Ils parlent à voix basse pour ne pas troubler l’éternel sommeil des morts.

Mais, dans le cimetière nu, un homme s’est attardé.

Prosterné sur une fosse, il est abîmé dans sa douleur.


Prosterné sur une fosse, il est abîmé dans sa douleur


Sur le tombeau, un bouquet d’immortelles a été déposé par Alice.