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FLORENCE


plier sur ses genoux. Il lui crie encore une fois :

— Demande pardon, ou d’un coup de poing je t’envoie rejoindre tes pères.

Le chenapan eut peur. À la vue de la taille de son adversaire, de sa voix qui gronde comme un tonnerre, de ses yeux qui dardent sur son visage à barbe rousse et inculte ses prunelles enflammées, de ses mains qui le serrent à lui broyer les os, il ne se sent pas de force à lutter. Il baisse la tête, et dit d’une voix qui semble sortir du fond d’un sépulcre :

— Pardon !

— Maintenant, continue Hubert, disparais à mes yeux, et sois bien heureux d’en être quitte à si bon marché.

Le tramp ne se fait pas répéter deux fois l’ordre qui vient de lui être intimé. Il détale à travers le Champ-de-Mars. Il voudrait avoir les bottes du Petit Poucet. Certes, sur les cailloux et les verres cassés, il va se déchirer les pieds que de vieilles savates, trouvées probablement dans le fond d’une ruelle, laissent à nu à maints endroits en baillant comme des huitres en temps de pluie.

Hubert se tourne alors vers la jeune fille pâle et les cheveux défaits. Elle n’a pu prononcer un mot durant cette scène, tant a été intense son émotion. Il lui dit avec une douceur engageante :

— Mademoiselle, permettez-moi de vous accompagner, de peur qu’il ne vous arrive quelque nouveau malheur !

La jeune fille lève les yeux sur Hubert et lit sur sa figure, franche et ouverte, l’honnêteté et la bravoure d’un preux chevalier. Elle s’appuie sur le bras qu’il