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FLORENCE

acclamée avec frénésie. Elle a remporté tous les premiers prix. Ses compagnes lui ont décerné le prix de beauté. On l’aime bien, la belle Florence. Son cœur est un cœur d’or.

Le père est digne et froid. Un notaire ne doit-il pas toujours être calme aux yeux du monde ? Mais Florence, arrivée chez elle, ne s’est pas déchargée encore de sa fameuse moisson, que son père lui ouvre les bras. Il la presse avec délices sur sa poitrine, il baise son front virginal, il y laisse tomber les larmes de l’orgueil paternel, puis il la force doucement à s’asseoir sur ses genoux. Le notaire perd la tête. Il rit et pleure en même temps.

— Ma fille, demande-moi ce que tu voudras, je te l’accorde, dût il m’en coûter la vie !

La jeune fille se fait toute petite près de lui. Elle repose sa tête blonde sur son épaule comme au temps où il l’endormait sur ses genoux.

— Votre amour, mon père, je l’ai et je le garde. Voilà tout ce dont j’ai besoin. Vous êtes si bon pour moi !

— Ô ma Florence ! ce trésor ne peut demeurer enfoui plus longtemps. Il faut que l’on t’aime, que l’on t’admire, que l’on baise la trace de tes pas. Bientôt, je te lancerai dans le monde. Tu y brilleras comme une reine au milieu de sa cour, comme une rose au milieu des fleurs. Tu n’auras pas de rivales.

— Mais, mon père, je quitte à peine les bancs du couvent et…

— Suffit. Demain, je te conduirai chez ta modiste et chez le bijoutier. Je suis riche, ma fille, riche… riche !…