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FLORENCE

lide gaillard d’une quarantaine d’années, taillé en hercule. C’était un Canadien du bon vieux temps. Vêtu d’un costume de grosse étoffe du pays, les cheveux flottant sur les épaules, raides comme des piquants de porc-épic, et recouverts d’une énorme « tuque » rouge, la barbe touffue comme un fagot de branches de houx, une paire de bottes sauvages, une large ceinture écarlate et un brûle-gueule, voilà l’homme. Mais disons que, sous cette apparence rustique, il y avait un jugement plus sûr, et sous cette étoffe grossière battait un cœur plus généreux que chez bien d’autres personnages portés jusqu’aux nues. À quinze ans, il avait fait la campagne de 1812 en qualité de tambour. Il avait même eu la cuisse traversée par une baïonnette américaine.

— À propos, m’sieu Hubert, dit Baptiste en jetant un coup d’œil inquiet autour de lui et en se rapprochant du jeune homme, vous savez M. Brown, un des comploteurs, j’veux dire un de vos… un de vos… un de vos collègues, comme vous dites dans vos discours et dans vot’journal : « Eh ben ! qu’y m’dit, Baptiste, mon vieux, es-tu capable d’être aussi prudent qu’un Peau-Rouge ? Pour ton dévouement, j’en doute pas, car t’es un vrai Canayen. »

« L’émotion m’a tellement gagné que j’ai avalé ce que j’avais dans la g… Toujours est-il qu’y m’dit : « J’vas te confier une… une… une mission très importante. Tu vas aller trouver tous ceux que je t’ai dit, et tu vas leur dire de se rassembler tout de suite chez moé, rue Craig. »

À ce moment, un individu à la charpente osseuse et