Page:Girard - Florence, 1900.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
FLORENCE

paroles patriotiques et fulminantes qui jaillissent comme une fusée. Ce n’était pas le moment de faire de longs discours.

« Mes amis, vous avez tous lu la proclamation. On nous défend de parader dans les rues. Si nous le faisons, c’est la persécution, les arrestations, la prison, la mort peut-être. Que ceux qui ont peur ou qui nous trouvent imprudents, se retirent. Pour moi, je me glorifie de la voie dans laquelle nous nous lançons, et je serai heureux de répandre jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour cette imprudence. Aujourd’hui, on nous traite d’insensés, demain on nous appellera des héros. Les Anglais traînent dans la boue notre drapeau, le drapeau que nos pères ont teint de leur sang, le drapeau canadien-français, le drapeau de Châteauguay, de Carillon. Le temps est venu de montrer à la face de l’univers qu’il a le droit de renfermer dans ses plis la liberté et l’indépendance, et que quiconque tentera d’y porter une main impure, apprendra par lui-même qu’un fils de France sait encore tenir une épée ou un mousquet ! Au moment où je vous parle, peut-être que le sang de nos frères coule à flots dans nos campagnes, sur les rives du Saint-Laurent. Eh bien ! moi, je vous dis, avec le Dr Nelson, que le temps est venu de fondre nos cuillers pour en faire des balles. Si les Anglais n’ont pas de cœur, montrons-leur que nous en avons pour deux. »

— À bas les Canadiens ! Chiens de Canadiens ! À bas les révolutionnaires !

Telles sont les vociférations qui interrompent Hubert. Tous tournent la tête pour voir d’où provien-