Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/234

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chés sur lui ; mais comme elle ne le voyait plus, son regard n’était plus le même : chose étrange ! elle avait peur quand il était là — et maintenant elle était triste parce qu’il n’y était plus.

Elle resta longtemps à réfléchir, et, ne voyant personne dans sa chambre, remarquant que la porte était bien fermée, elle se persuada qu’elle n’avait rien vu.

— Quel singulier rêve ! dit-elle tout haut en soupirant.

Et puis elle se remit de nouveau sur son oreiller, peut-être dans l’espoir de continuer ce rêve.

Tancrède l’aima de cette crédulité.

— Elle va trouver cette apparition toute naturelle, se disait-il ; elle aime bien mieux croire qu’elle perd l’esprit que d’imaginer qu’un homme amoureux d’elle veuille la séduire.

Et voilà pourquoi les âmes supérieures sont si faciles à tromper, c’est que les choses les plus extraordinaires, les fascinations, les phénomènes, les miracles, tout enfin leur paraît plus probable qu’une méchante action.