Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/43

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vers eux, qui luttent follement avec elle, ne peuvent jamais être gentils ; ils sont ridicules, toujours ridicules, comme toutes prétentions frappées d’incapacité ; de plus, ils sont méchants, malveillants, dénigrants et envieux.

Quand on parle d’un homme qui déplaît, on dit qu’il a l’air content de lui — eh bien ! je dis, moi, que je connais une chose plus déplaisante encore : c’est un homme qui a l’air mécontent de lui.

Celui-là ne vous fera grâce de rien : vous ne pourrez jamais l’apaiser ; les flatteries mêmes l’irritent ; la politesse lui semble de la pitié, une prévenance, une charité : il est humble à désespérer, susceptible à faire mal aux nerfs ; on ne sait par quel mot le prendre. — Si vous le priez à dîner, il vous répond : « Merci, non ; je me rends justice, je suis trop maussade pour un convive. » Si vous l’engagez à venir entendre des vers, de la musique : « Non, merci, dit-il ; je suis un être trop obscur pour faire partie d’une réunion si brillante. » Si vous lui proposez une partie de campagne : « Non, merci, répond-il ; il faut de