Page:Girardin - La Canne de M. de Balzac.djvu/76

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Ainsi se parlait Tancrède. Ce raisonnement, qui paraît d’abord une niaiserie, ne manquait pas cependant de justesse. Quand une chose nous est de sa nature très-indifférente et qu’elle nous préoccupe singulièrement, c’est un indice que nous devons nous en inquiéter. Notre instinct nous inspire, nous avertit, notre intelligence flaire ce que notre raison ne voit pas, car l’instinct c’est le nez de l’esprit… Mille pardons de cette absurdité, malheureusement elle exprime ma pensée.

Après une heure de semblables réflexions, Tancrède se rendormit.

Le matin, en s’éveillant, il se demanda ce qu’il avait à faire : rien, absolument rien. Il n’avait aucun protecteur à aller éprouver, aucune lettre de recommandation dont il espérât quelque bon résultat. C’était le fier désœuvrement du désespoir ; et comme il n’avait aucun reproche à se faire, que toutes ses démarches avaient échoué sans qu’il y eût de sa faute, Tancrède se mit à savourer ce qu’il appelait sa liberté. En effet, cet état sera la liberté tant que dureront les mille écus de sa mère.