Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/207

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s’agite autour des sismographes. Les chiens éternuaient, hésitant à entrer dans cette mer poivrée. Les cortèges de onze heures passaient, c’étaient les unionistes en courroux, car on venait de rétablir à cause de la guerre les décorations et, pour tous, y compris les décorés, la peine de mort. C’était le corps diplomatique qui mettait au paquebot l’une de ses trois femmes, les attachés en costume chantant la phrase commune des hymnes nationaux, les seconds secrétaires portant les cadeaux du départ, les voiles de lin bleu à paniers rouges déployés, et, passant de leur poche, les encriers à sonnette, les Saintes-Madeleine d’ivoire dont la petite robe de soie était dans la malle et qui étaient nues. C’était l’autre officier de ma mission, poursuivi implacablement, car tu lui avais expliqué qu’on ne donne jamais aux mendiants portugais, qu’on leur dit « Tenez patience ! », qu’ils s’arrêtent alors brusquement, mendiants qu’ils sont, comme si on leur indiquait enfin pour la première fois