Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/49

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— Comme vous êtes jolie, mademoiselle !

— Que vous l’ayez remarqué m’en dégoûte, monsieur.

On voyait qu’elle avait pour maîtresse de français Mlle Kolb, si énergique dans son vocabulaire et dont chaque phrase contenait, tu te rappelles, le mot « ignoble » ou le mot « dégoûtant ». J’étais déconcerté ; devant la maison du vieux Possard je dis, car je ne trouvais plus d’inspiration que dans les objets extérieurs, et rien dans le mobilier de mon âme :

— Tiens, le vieux fou déjeune !

— De plus fous sont en liberté, monsieur.

Devant la fleuriste, devant la brasserie, je lui tendis ainsi le mot « fleur », le mot « saucisse blanche », sur lesquels elle se jetait comme un serpent qu’on agace d’un bâton. Ou bien, si ma phrase avait trois parties, elle répondait à chacune, et dans l’ordre.

— Qu’il fait beau, quel soleil agréable, mademoiselle Mimi.