Page:Giraudoux - Adorable Clio.djvu/98

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et me voici soudain las et incertain, comme tous ceux qui n’ont qu’un jour.

L’Indre est dorée, la rue parallèle à l’Indre est lumineuse : je vais entre ces deux brancards. Qui me poussa, comme ces femmes exilées qui vont sur le premier bateau de leur pays en rade mettre au monde leur fils, qui m’a poussé pour ce second terme, qui me poussera dans dix-sept ans, vers cette ville sans charme et sans parents ?… Enfance, heureuse enfance où le malheur et le bonheur étaient le malheur et le bonheur enfants ; où l’amour, où l’orgueil étaient l’amitié, la tendresse… vertus de mon enfance qui depuis avez changé de sexe, « espoir » que je retrouve « attente », « enthousiasme » que je retrouve « indulgence »… Mais voici, mais voici mon lycée qui me rappelle les trois ou quatre qui n’ont point encore varié : le travail, qui est toujours le travail, qui toujours consiste à voir, au-dessous du papier blanc, filigrane adoré, un palais, un phénix ; l’ins-