Page:Giraudoux - L’École des indifférents.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

4 2 ÉCOLE DES INDIFFERENTS

qui m'ouvrait ainsi son cœur, je le sentais plus que personne. Mais je sentais aussi sa bonté, et si j'avais eu un secret, par cha- rité, peut-ôi]e lui en aurais-je fait l'au- mône, peut-être 1 Je cherchai. Je n'en trouvai point.

Il revint à lui.

— Et ne vous égarez pas de niille côtés. Que mon expérience vous serve. Fabriquez- vous une courte formule. II n'y a guère au monde que deux motifs capables de vous inspirer : Voyez d'abord du côté de la nature. Puis... et puis... vous avez dix-sept ans..., regardez du côté de l'amour.

Quelle nature? Qu'est-ce qui n'est pas la nature.!^ Le soir, vers minuit, je me glissai hors de mon lit et quittai le dortoir. Je m'éten- dis à plat ventre dans la paille du grenier, derrière l'œil-de-bœuf. Des prairies silen- cieuses me mettaient de plain pied avec l'ho- rizon. Une crème d'argent montait du fond des mares. Des taureaux, adossés aux meules, dormaient debout avec honneur. La lune atti- -rait et dissolvait les moindres nuages, comme un brûle-fumée dans un boudoir. Au long

�� �